L’ère du numérique a sonné : rencontre avec les fondateurs de la Galerie The Wall

La semaine dernière, nos amis de C’est un Jour Pour organisaient la soirée de lancement de The Wall au Batofar. Si vous n’avez pas eu la chance de venir découvrir cette toute fraîche Galerie et sa palette d’artistes, ne vous inquiétez pas l’équipe ARTeres vous offre une séance de rattrapage! 

The Wall : Galerie d'Art Urbain

Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer le concept de The Wall ?

Alex : Nous définissons The Wall comme une galerie d’art urbain disruptive. Tout d’abord parce que nous n’avons pas d’adresse commerciale physique. Les œuvres des artistes que nous représentons sont exposés sur notre galerie en ligne, dans des concepts stores et lors d’événements que nous organisons.

Louis : Ensuite parce que nous fonctionnons selon un système inédit : les artistes sont invités à créer sur des murs « prêts-à-graffer » que nous fabriquons artisanalement dans notre atelier d’Aubervilliers (93), les Walls. Ainsi nous proposons des œuvres d’art urbain sans dénaturer le support de prédilection du street art: le mur.

The Walls
The Walls

Alexandre : Notre site internet est en ligne depuis le 26 février 2015 et une soirée de lancement a été organisée avec grand succès le 4 mars au Batofar. Les premières œuvres de la galerie y ont été exposées en présence des artistes.

Louis : Cet événement a permis de lancer une collecte Ulule intitulée « De l’amour et des murs » pour financer notre premier vernissage en mai 2015. Celui-ci se tiendra dans un lieu qu’on dévoilera bientôt et permettra d’exposer la vingtaine d’artiste avec lesquels on collabore.

Qui se cache derrière cette idée ?

Alex : Nous sommes quatre fondateurs à l’origine de ce projet : Louis qui en a eu l’idée originale, Alice, Nicolas et moi même. Nous sommes tous les trois diplômés de différentes écoles, avons entre 21 et 25 ans et sommes passionnés de street art. On avait tous envie de porter un projet entrepreneurial, artistique et solidaire. L’idée a grandit rapidement pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Les fondateurs de The Wall
Les fondateurs de The Wall

Louis : The Wall est vite devenue une communauté rassemblant des artistes, des passionnés et des professionnels. Elle a l’ambition d’être un tremplin pour les artistes, leur permettant une large visibilité et une rémunération équitable.

Peut-on dire que le numérique révolutionne l’art ?

Louis : Le marché de l’art, malgré sa globalisation et la multiplication des zones d’échanges, est un des derniers à migrer vers le web. Ce marché est loin d’avoir terminé sa mue, il est très loin de la maturité qu’on pu rapidement atteindre d’autre secteurs. Nous en sommes donc qu’aux prémices de la révolution, mais bénéficions de l’expérience des transformations premières. 

Alex :Pour ce qui est de l’art urbain, les hommes de Lascaux dessinaient déjà sur les murs de leur grotte, ce type de pratiques va sans aucun doute continuer un bon moment malgré la révolution numérique! 

Louis : Après le progrès technique impact indubitablement les pratiques: les techniques utilisées par les artistes (lightpaiting, projection, etc) comme la diffusion des œuvres ont considérablement évolué avec internet. Cette progression est bien sur une bonne chose. 

Plus loin encore, le musée est-il le meilleur endroit pour montrer des œuvres d’art ?

Alex : J’adore aller au musée! Néanmoins tous les artistes n’y ont pas accès tandis que d’autres n’y ont pas leur place. Certaines œuvres ont leur place dans la rue, d’autres chez les gens. Je ne pense pas qu’il faille vendre les tableaux de Bruegel sur internet tout comme je trouve que mettre de l’art urbain dans des musées peut apparaître assez paradoxal. 

Louis : Chez The Wall on considère que le street art est un espace de liberté, un mouvement caractéristique d’une utopie: celle d’un art qui n’a pas besoin d’être muséifié pour exister et interloquer le public ou embellir l’espace urbain. 

Selon vous, quel est le lieu idéal ?

Alex : Comme je te l’ai dit ça dépend vraiment de quelle type d’œuvre d’art on pense. Mais pour pointer du doigt un non-sens : exposer des graffitis sur des toiles dans un musée privé et payant comme la Pinacothèque de Paris est sans intérêt.

Quelles sont vos influences dans la culture urbaine ?

Alex : Musicalement nous étions exclusivement hip-hop jusqu’à l’adolescence, ce n’est qu’après que d’autres styles s’y sont agrégés progressivement. 

Louis : Nous avons grandi dans le treizième ou dans le dix-neuvième arrondissement, les graffs étaient omniprésents, par exemple dans le quartier précurseur de la butte aux cailles. Après je pense que quand on est quatre parisiens comme nous, habitant d’une ville monde, la culture urbaine fait partie de notre ADN.

Dès lors, quelles sont vos envies ? Vos objectifs ?

Alex : Organiser un vernissage réussi en mai 2015 grâce aux fonds levés sur Ulule pour pouvoir exposer tous les artistes avec lesquels on bosse et l’ensemble de leurs œuvres dans un endroit de qualité. 

Louis : Cela permettrait de les faire découvrir à un maximum de monde dans les meilleurs conditions. Quand on est une galerie en ligne The Wall, c’est extrêmement important d’organiser des événements de grande qualité au cœur duquel sont placés les travaux des artistes.

Vous offrez l’occasion à de jeunes artistes d’être visibles, comment les sélectionnez-vous ?

Louis : C’est avant tout une question de rencontre avec les artistes. Contrairement à une galerie traditionnelle, nous ne savons pas l’avance l’œuvre que nous aurons exactement: lorsque nous confions un Wall à un artiste, nous connaissons seulement son univers et ses inspirations.  

Alex : On a eu énormément de chance dans nos rencontres et on travaille aujourd’hui avec des artistes extrêmement variés. Par exemple on a eu l’opportunité de rencontrer le crew AMR (ndlr : Anonymes Mais Reconnus), des rois du graff qui ont pourtant très peu exposé, sûrement parce que ce n’est pas dans la conception originelle de leur travail. Ils ont tout de suite adhéré au concept et aujourd’hui ils nous font des trucs vraiment incroyables.

On aimerait beaucoup proposer une œuvre inédite à nos lecteurs. Pouvez-vous, parmi vos œuvres, en sélectionner qu’une et nous en parler davantage ?

Alex : Sacha Teboul est un jeune artiste, encore en formation aux beaux arts de Paris. Nous l’avons connu en 2011, lorsqu’il avait exposé une série d’illustrations fortement imprégnées de culture urbaine. 

 Artiste : SACHA TEBOUL Titre : Instantané Sous-titre : 24 rue des Envierges Descriptif technique: technique mixte (transfert, peinture acrylique) Dimensions : 84 X 64 cm Poids : 7.5 kg Prix : 1000 €
Artiste : SACHA TEBOUL
Titre : Instantané
Sous-titre : 24 rue des Envierges
Descriptif technique: technique mixte (transfert, peinture acrylique)
Dimensions : 84 X 64 cm
Poids : 7.5 kg
Prix : 1000 €

Louis : Ses nouvelles compositions monochromes bleutées réalisées pour The Wall, utilisant la technique du transfert, interrogent la mémoire et l’histoire jusqu’à créer une scène, un imaginaire pictural et visuel unique. Son travail, élégant et réfléchi, est particulièrement convaincant. Pour information le mystérieux visuel de l’œuvre « Instantané » est tiré d’une capture d’un documentaire d’archive. Cette œuvre s’inscrit dans une série qui sera bientôt entièrement disponible sur notre galerie en ligne.

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?

De réussir notre vernissage en mai grâce à notre levée de fonds sur Ulule, ce qui est très bien partie pour l’instant, pour pouvoir offrir un vernissage d’exception aux artistes.

The Wall Galerie d'Art Urbain

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